Le parfum des fleurs la nuit
María López Morales
Tout commence par un oui. L’écrivaine franco-marocaine, Leïla Slimani, est sollicitée pour passer une nuit blanche à la pointe de la Douane, un musée, à Venise, métamorphosé en tour d’ivoire. Malgré ce cadre de départ imposé, un paysage inédit et inconnu, l’état naturel de l’écriture restera intact : elle est volontairement enfermée, mise à l’écart, apparemment seule mais entourée d’œuvres d’art, vouée au dialogue révélateur avec son imaginaire. Ainsi, le corps et l’émotion jamais absentes, dans un contexte décodé, de profonde liberté, Slimani devient à la fois créatrice et observatrice. Ramenée à son intériorité, à l’aise dans l’idéal de la claustration, elle écrit pour revisiter ses souvenirs, l’expérience artistique et les liens entre l’écriture et la perception d’une œuvre d’art.
Dans ce journal de bord, l’auteure dont le langage ne manque jamais de poésie continue à explorer ce qu’elle-même a défini comme « la matrice de sa vie et sa grande douleur » : les autres. Parsemée de références, de tous les fantômes qui peuplent sa vie, cette confession magistrale situe la blessure au centre de l’écriture et, par conséquent, s’interroge aussi sur le désir ou le goût de la liberté.
En définitive, Le parfum des fleurs la nuit suppose le volet le plus introspectif et intime de l’œuvre de Leïla Slimani, auteure de titres tels que Chanson douce -prix Goncourt en 2016-, Dans le jardin de l’ogre (2014) ou Sexe et mensonges : la vie sexuelle au Maroc (2017).